Rue pittoresque située au cœur de la cité hanséatique de Brême, la Böttcherstraße est célèbre pour ses façades entièrement décorées de briques. Les collections d’art de la Böttcherstraße (Museen Böttcherstraße), qui constituent le point d’orgue architectural et culturel de ce véritable joyau, se composent du Ludwig Roselius Museum (musée de Ludwig Roselius) – une ancienne demeure patricienne brêmoise datant du XVIème siècle – ainsi que du musée Paula Modersohn-Becker, un édifice bâti par le sculpteur, artisan d’art et architecte allemand Bernhard Hoetger.
Le musée Paula Modersohn-Becker, nommé après son artiste phare, est le premier musée au monde à être consacré à une femme peintre. Les œuvres exposées témoignent de l’importance fondamentale de cette pionnière dans le domaine de la peinture moderne. À la demande de Ludwig Roselius, un entrepreneur et mécène allemand qui avait amassé un nombre considérable de tableaux de Paula Modersohn-Becker, ce musée a été conçu par l’architecte Bernhard Hoetger. Celui-ci a imaginé un bâtiment unique, qui a ouvert ses portes en 1927 et qui fait aujourd’hui figure de chef-d’œuvre de l’architecture expressionniste en Allemagne. La collection a été achetée par la ville de Brême et la République fédérale d’Allemagne en 1988, puis étoffée grâce à l’héritage laissé par la Fondation Paula Modersohn-Becker, créée en 1978 par la fille de l’artiste, Mathilde Modersohn. En 1994, la Sparkasse Bremen, établissement bancaire local, a investi en faveur de la restauration et de l’extension du musée, qui passe désormais en revue toutes les phases créatives qu’a traversées Paula Modersohn-Becker. L’édifice abrite également la plus riche collection de travaux de Bernhard Hoetger, de ses premières sculptures – influencées par le travail d’Auguste Rodin – à ses œuvres tardives, plus personnelles. Enfin, le musée expose depuis mai 2005 de façon permanente l’installation lumineuse de l’Américaine Jenny Holzer, intitulée For Paula Modersohn-Becker.
Paula Modersohn-Becker: Biographie
Paula Modersohn-Becker vient au monde à Dresde en 1876, et part pour Brême avec sa famille en 1888. Après une formation d’enseignante, elle s’inscrit dans une école de peinture et de dessin de Berlin. En 1898, elle s’installe à Worpswede, un village au nord de Brême, pour poursuivre ses études auprès de Fritz Mackensen, peintre et fondateur de la colonie d’artistes de Worpswede (Künstlerkolonie Worpswede). Elle y fait la connaissance d’Heinrich Vogeler, de Clara Westhoff, de Rainer Maria Rilke, ainsi que d’Otto Modersohn, peintre qu’elle épouse en 1901. L’année 1900 est marquée par son premier voyage à Paris. Les séjours dans la capitale française façonneront son coup de pinceau neuf, remarquable et imposant. Si les travaux de Paul Cézanne, de Paul Gauguin et des Nabis (membres du mouvement postimpressionniste Nabi) l’influencent tout particulièrement, Paula Modersohn-Becker n’en reste pas moins fascinée par l’Antiquité et les œuvres des maîtres anciens qu’elle découvre au Louvre. Elle s’installe même dans la capitale française de février 1906 à mars 1907, avant de retourner à Worpswede, où elle décède d’une embolie en novembre 1907, juste après avoir donné naissance à sa fille.
Paula Modersohn-Becker est sans nul doute une précurseure de l’art moderne en Europe, ses derniers travaux témoignant en effet d’une simplicité unique dans les formes. À cela s’ajoute la texture singulière de ses œuvres, fruit d’un modelage en relief et d’un raclage de la peinture fraîche destinés à lui donner une nouvelle consistance. Dès le début de sa carrière, elle représente les paysages du village de Worpswede dans un style très personnel et remarqué. Ses natures mortes se distinguent par l’intensité de leurs couleurs, et Rainer Maria Rilke les mentionne dans son requiem: « […] les fruits dans leur plénitude. Tu les posais sur des coupes devant toi, tu en évaluais le poids par les couleurs. » Cependant, c’est l’Homme qui caractérise son œuvre, et elle se tourne principalement vers des enfants, des femmes âgées et des paysannes des environs pour réaliser ses portraits et ses tableaux. Là, comme dans ses paysages, elle se détourne des codes, pour développer son propre langage pictural et donner à voir la personnalité de ses modèles.
Construite en 1588 dans le style de la Renaissance, la maison Roselius forme le centre historique de la Böttcherstraße. Ludwig Roselius, inventeur du café décaféiné et fondateur de l’entreprise Kaffee HAG (Kaffee Handels-Aktien-Gesellschaft), acquit la demeure en 1902, ce qui conduisit par la suite au réaménagement de la Böttcherstraße.
Entre 1907 et 1908, il fit rénover l’ouvrage selon sa conception d’une maison bourgeoise typique du Moyen Âge, puis l’orna d’un pignon à échelons entre 1927 et 1928. Cette année là, il inaugura le musée de Ludwig Roselius (Ludwig Roselius Museum), rendant ainsi accessible au public sa précieuse collection d’art et d’artisanat d’art d’Europe du Nord. Aujourd’hui encore, l’établissement se conforme aux objectifs de Ludwig Roselius : il expose du mobilier, des tapis, des tentures et des objets d’artisanat d’art de grande valeur, l’ensemble recréant l’atmosphère caractéristique des habitations bourgeoises de l’Allemagne du Nord. Des œuvres d’art inestimables viennent parfaire cet ensemble, invitant les visiteurs à se replonger dans les époques médiévale, renaissante et baroque. La collection compte des sculptures comme celle de Tilmann Riemenschneider, un ensemble d’autels médiévaux, ainsi que des tableaux de Ludger tom Ring et de Lucas Cranach l’Ancien. Enfin, on peut également admirer le trésor historique en argent de la Confrérie des Têtes noires de Riga, qui est prêtée de façon permanente au musée depuis 1987.
Ludwig Roselius: Biographie
Ludwig Roselius est le fils d’un éminent commerçant et importateur de café brêmois, Dietrich Friedrich Rennig Roselius (1843–1902). Lorsque celui-ci décède prématurément à l’âge de 59 ans, les médecins mettent principalement en cause une consommation excessive de caféine, et Ludwig Roselius décide de mettre au point un procédé permettant d’extraire cette substance des grains de café. Il obtient un brevet en 1906 et fonde alors l’entreprise Kaffee-Handels-Aktien-Gesellschaft (Kaffee HAG), qui commercialisera le premier café décaféiné au monde. Servi par un esprit visionnaire et des campagnes de publicité novatrices, le négociant parvient à créer une marque unique.
Au-delà de son entrepreneuriat, Ludwig Roselius est également reconnu pour ses activités de mécène: grand collectionneur d’objets archéologiques, antiques, d’art contemporain et autres trésors artistiques, il se passionne tout particulièrement pour les ouvrages provenant du nord de l’Allemagne. En 1902, il acquiert l’ancienne « Kontorhaus », demeure située dans la Böttcherstraße, une rue alors délabrée du cœur de Brême. Cet achat marque le début de son engagement en faveur de la Böttcherstraße, qu’il transformera en « vitrine commerciale » ainsi qu’en véritable joyau.
Musée Paula Modersohn-Becker
Musée de Ludwig Roselius
Böttcherstraße 6–10, 28195 Brême
Tél: +49 (0)421 33882-22
Fax: +49 (0)421 33882-33
info@museen-boettcherstrasse.de
Depuis la gare centrale (Hauptbahnhof), emprunter les lignes de tramway 4, 6 ou 8, puis descendre à l’arrêt Domsheide.
Plein tarif: 10 €
Tarif réduit: 6 €
Enfants et Adolescents jusqu’à 17 ans inclus: entrée gratuite
Groupes (à partir de 10 personnes): 6 € par personne
Groupes scolaires: entrée gratuite
Réfugiés: entrée gratuite
Les tarifs sont susceptibles de varier en fonction des expositions temporaires.
Du mardi au dimanche, de 11 h à 18 h.
Les musées sont fermés le lundi.
Visites guidées publiques: tous les dimanches, à 11 h 30
Inscriptions pour les visites guidées destinées aux groupes et aux groupes scolaires:
Par téléphone, au +49 (0)421 33882-22, ou par courriel à l’adresse info@museen-boettcherstrasse.de
En savoir plus sur les musées de la ville de Brême
www.museeninbremen.de
Nous remercions l'Institut français de Brême pour les traductions.
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